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  • Photo du rédacteurKarine Duda-Jouan

ET SI ON S’OFFRAIT LE TEMPS ?

Le temps est une notion qui semble aller de soi et qui s’impose à nous. Mais le temps est une notion très complexe. Saint Augustin énonçait déjà la difficulté de penser le temps : “ Qu’est-ce que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais. Mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. ”

L'être humain a beau essayer de lutter contre le temps – boissons de jouvence, chirurgie esthétique, course contre la montre – rien n'y fait : le temps passe inexorablement.

Jamais nous ne pouvons le mettre entre parenthèses, même si, parfois, durant de brefs moments, il semble s'arrêter en fonction de ce que nous vivons, de ce que nous ressentons ou attendons …

Le rapport au temps est différent pour chacun d’entre nous et dépend de multiples facteurs : notre origine, nos centres d’intérêt, notre attitude face à la vie, notre capacité à vivre le présent, notre âge…

Le temps aujourd’hui est en train de devenir un temps inhumain. On accélère la vitesse, on accélère les transports, les déplacements, les connexions … mais il y a une limite humaine due à notre finitude.


Ce n’est pas un hasard si, actuellement, des gens très rapides, très responsables, très branchés, très compétents « craquent » brutalement et sombrent littéralement. Il faut être conscient que nous sommes dans une situation où l’évolution technologique dépasse notre condition humaine. Nous souffrons aujourd’hui d’un présent très nerveux, on n’a pas le temps de reprendre son souffle. Il faut faire le plus vite possible, le plus de choses possible. Nous avons ainsi l’impression d’accélérer le temps, que le temps passe trop vite et que l’on ne pourra pas faire tout ce que l’on a à faire. Ce sentiment s’accompagne alors d’hyperactivité désordonnée qui, de prime abord, paraît productive, mais qui en fait loin de nous rendre performants nous épuise et nous amène dans une impasse de surcharge mentale.

Notre société est aussi une grande spécialiste du temps masqué, défini dans l’industrie de la façon suivante : « Période pendant laquelle une action est réalisée pendant une autre plus longue, afin de réduire les délais finaux ». On peut dire aujourd’hui que ce temps masqué est ingrat, non reconnu et pourtant bien réel. C’est lui qui nous donne l’illusion de devenir « multitâches », qui nous fait répondre à mille sollicitations en même temps. Un travailleur répond à un courriel tout en parlant au téléphone. Un jeune fait ses devoirs tout en discutant sur Facetime avec un ami. Un professionnel assiste à une réunion tout en tweetant…


Des neurologues de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), ont utilisé l’imagerie médicale pour analyser l’activité cérébrale de personnes en mode multitâche. Leur conclusion: le cerveau n’est pas en mesure de réaliser plusieurs tâches de manière strictement simultanée. Il a été mis en lumière que, lorsque nous devons alterner rapidement entre deux tâches, notre cerveau saute rapidement d’une tâche à une autre sans se libérer de la tâche précédente. Il est important de comprendre, comme l’explique aujourd’hui les recherches en neurosciences, que « lorsque l'on mène une action, notre cerveau s'attend à ce qu'il y ait une conclusion. Si on est interrompu en plein milieu, l'action continue à rouler dans notre tête parce qu'elle n'est pas complétée, elle n'a pas changé de case'".

La première conséquence est donc la surchauffe du cerveau par surcharge mentale, avec maintien d’une tension, qui au niveau hormonal nous fait fabriquer de plus en plus d’hormones du stress, dont le cortisol. Une autre conséquence est de perdre bon nombre d’informations.Au total, ce zapping demande beaucoup d’énergie avec un risque majoré d’erreurs et une sensation d’épuisement pouvant aller jusqu’au burn-out.


Autre corollaire de notre société, hantée par la vitesse, l’impatience devient la règle. Attendre c’est perdre son temps. On refuse le temps, on refuse d’attendre, et on refuse d’attendre l’Autre, et on se complaît dans le narcissisme. Entre futur et passé, le présent est souvent oublié, mis au service du devenir ou du regret nostalgique.

Aujourd’hui, il y a aussi de fortes inégalités dans notre rapport au temps. On rencontre à la fois des gens de plus en plus pressés, branchés, stressés, stimulés par le système à être rapides, et d’autres condamnés à la lenteur, à avoir peu de connexions. D’où un terrible conflit dans le traitement du temps. Autrefois, dans les villages, il y avait un rythme collectif assez synchrone. Mais aujourd’hui, chacun peut individualiser son rapport au temps. Du coup, nous ne sommes plus vraiment ensemble. Cela rend plus difficile l’entretien d’un lien social authentique.


On dit beaucoup de mal de l'ennui, mais c'est une expérience métaphysique précieuse, qui fait percevoir un temps qui ne se confond plus avec ce qu’il contient. « S’ennuyer, c’est chiquer du temps pur », disait le philosophe et poète Emil Cioran. D’ailleurs, les pédopsychiatres conseillent aux parents de laisser les enfants s’ennuyer. L’ennui est source de créativité. Selon Einstein, « La créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse ». Notre créativité est notre capacité à changer. Les cerveaux créatifs peuvent se couper des anciens modèles pour en créer de nouveaux ! L’esprit occupé ne peut donc pas créer car il est occupé à faire. Mais le sens créatif, ça se travaille ! Il faut savoir mettre son cerveau au repos pour faire émerger de nouvelles idées. Laisser son esprit errer de temps à autre est indispensable pour la santé mentale et le bon fonctionnement du cerveau. Nous savons que nos meilleures idées ont souvent l’air de sortir de nulle part, quand nous avons l’esprit ailleurs.


Il est parfois difficile de ralentir le rythme quand on est en pleine activité, et qu’il y a encore tant de choses à faire… Et pourtant, il est vital d’insérer quotidiennement des temps calmes pour notre cerveau, sinon le trop plein nous guette, la surcharge mentale et tous ses effets d’impacts négatifs sur notre santé physique et psychique !


IL EXISTE QUELQUES TRUCS ET ASTUCES SIMPLES POUR S’OFFRIR LE TEMPS AU QUOTIDIEN

Se réserver des pauses

Face à ce rythme effréné, il est pourtant important de s’accorder des micro-pauses de 2 à 5 minutes à différents moments de la journée pour réduire la charge mentale, pour respirer, pour boire un verre d’eau ou savourer son café en étant pleinement présent à ce que l’on fait. Cela suffit déjà à faire baisser la pression et à recharger les batteries pour retrouver un peu d’énergie et des idées plus légères.

Et à midi ne pas hésiter pas à faire une vraie pause, en terrasse si le temps s'y prête ou simplement seul(e) sur un banc. Une simple marche pour aller chercher à manger ou pour le plaisir de respirer suffit à se déconnecter en un rien de temps !


Apprendre à respirer profondément

Quand la soupape va lâcher, un moyen simple et efficace de se détendre, de faire redescendre le stress, pouvant être utilisé au quotidien, à tout moment, c’est la respiration.

"La plupart des gens n'utilisent que 30 % de leur capacité pulmonaire, respirent de façon superficielle, irrégulière, n'expirent pas complètement, alors qu'en expirant, nous expulsons des substances toxiques, ce qui bénéficie à notre tranquillité d'esprit.".

Exercice : Il est important de prendre une position confortable et de porter attention aux points d’appui du corps puis de faire l’état des lieux, de constater sans jugement les manifestations de stress dans le corps. Ensuite, se concentrer sur la respiration : inspirer par le nez en gonflant le ventre, et souffler doucement par la bouche en le laissant redescendre. Respirer ainsi, pendant environ 5 minutes permettra aux battements du cœur de s’apaiser, aux manifestations de stress de s’estomper, à l’organisme de s’oxygéner et de pouvoir regarder sa journée sous un angle différent, plus détendu, plus serein.


Hiérarchiser les actions à réaliser

Pour alléger sa charge mentale au quotidien, il faut commencer par bien gérer son temps ! Pour cela, la solution est d’écrire une liste des tâches, et de les hiérarchiser. Elles n’occuperont plus l’esprit et cette liste permettra d’avoir une vision immédiate et globale des actions à réaliser. Cela permet aussi de voir clairement les éléments de la liste qui peuvent être rayés, pour aller plus facilement de l’avant. Et ne pas oublier de savourer son bonheur à chaque fois qu’un élément de la liste est rayé.

Conseils : Se fixer des objectifs réalistes et raisonnables :

· Evaluer objectivement le temps :

Il y a le temps réel (temps réellement mis, chronomètre à l’appui) pour effectuer une action et le temps estimé (évaluation immédiate et sans réflexion du temps que l’on pense mettre pour effecteur une action). Estimer au plus juste le temps réel permet de ne pas se sentir acculé par le temps.

· Baisser son niveau d’exigences :

En cas de perfectionnisme, se demander si cela sera noté sur son épitaphe d’avoir été « la fille ou le garçon qui aura fait telle ou telle action … à la fin de sa vie ».

Se demander alors ce qui est Vraiment urgent ;et ce qui peut être remis à plus tard ; ce qui doit être délégué ; si c’est vraiment nécessaire ? …


Se libérer de la connexion

En limitant notre dispersion, en contrôlant la fragmentation de nos vies (une alerte sonne, surgit et détourne notre cerveau de notre objectif…), la déconnexion du numérique représente un véritable outil « décharge mentale ».

C'est une chose plutôt difficile à faire, mais très efficace. Si le smartphone est devenu un incontournable du quotidien, il est aussi terriblement addictif et fait constamment le lien entre soi et le travail, à grands renforts de mails et rappels. Alors pour une déconnexion vraiment bénéfique, il est recommandé de se couper de toutes technologies lorsque l’on prend une pause.

De toute façon, vous n’avez pas le don d’ubiquité (capacité d'être présent en plusieurs lieux à la fois). Vous n’êtes pas à disposition, et vous apprenez ainsi aux autres à se servir de leur propre ressource ou créativité.

Conseil : se discipliner ; par exemple consulter les mails à des heures bien précises de la journée (9h-12h-16h) et le reste du temps, se forcer à maintenir sa concentration sur une seule tâche.

A tester pour se remettre le pied dans le réel et peut-être sortir du fantasme de toute puissance « toujours connecté… sinon quelque chose de négatif peut arriver… »

Et, ainsi rassuré(e) et libéré(e), vous en redemanderez…La Vraie vie n’a-t-elle pas existé avant et n’existe-t-elle pas sans le smartphone … ?


Retrouver de la légèreté

Nous sommes devenus des adultes si sérieux, si tristes parfois, coincés dans nos vies balisées entre contraintes et obligations, que nous perdons l’essentiel. Essorés par les sollicitations permanentes, nous arrivons à saturation et nous perdons le goût simple de la vie. Alors que faire ? Une autre solution pour diminuer la charge mentale est d’observer toutes les belles choses que la vie nous offre. Chaque petite chose compte, aussi minime soit-elle. L’attitude et le ressenti jouent sur notre comportement, et sur le déroulé de notre journée :

Sourire, porter un regard neuf et bienveillant sur tout ce qui entoure.

Retrouver le bonheur de rire avec bienveillance de soi, de petits riens…, le doux rire qui fait du bien et qui fait prendre de la distance sur les événements.

Se féliciter, se remercier, se gâter après chaque travail accompli.

Féliciter, complimenter, remercier les Autres.

Se donner de la douceur encore et encore (chouchouter son corps, écouter ses besoins: pauses, repas, sommeil, posture…)

S’affirmer sans peur ni culpabilité avec douceur et bienveillance face à ses choix, ses valeurs, ses besoins.


Et dès que possible : Éteindre tout ce qui fait du bruit.

Prendre du temps pour soi, pour souffler, le temps d’être seul(e) pour se vider la tête et s’ouvrir au silence.

Si possible trouver 30 minutes pour marcher seul(e) et tous les jours, peu importe le temps. L’effet de mieux être est immédiat et ressourçant.

Et pourquoi ne pas s’accorder une vraie pause de temps en temps, rien que pour soi : prendre une demi-journée quand les enfants sont à l’école et le conjoint au travail ? Mais pas question d’en profiter pour en faire encore plus à la maison. Se consacrer ce temps rien qu’à soi et l’apprécier à sa juste valeur : prendre un bain, lire un livre inspirant, méditer, jardiner, peindre… Ces petites parenthèses permettront de diminuer la charge mentale au travail et à la maison et de retrouver la Joie de Vivre.


Hâte toi de bien vivre et songe que chaque jour est lui seul une vie - Sénèque


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